Champagnes de niches

 

Les Climats

Les Champenois n’apprécient pas outre mesure que l’on se lance dans des comparaisons avec la Bourgogne. Mais de plus en plus nombreux sont les vignerons qui, ayant la chance de posséder des vignobles classés au sommet de la hiérarchie, se font un plaisir de faire chanter leurs terroirs. Ils s’attachent à mettre en valeur leur village, voire des parcelles de leur propriété particulièrement bien situées. Ils les individualisent et constatent qu’ils rencontrent un succès qui n’est pas que de curiosité avec leur clientèle.

Il est ancien et a servi!

On les rencontre sur Aÿ, sur le Côte des Blancs. Ils représentent un frémissement, une goutte de chardonnay ou de pinot noir au sein des centaines de millions de bouteilles produites et commercialisées annuellement. Ce sont pourtant ces bouteilles-là que recherchent de plus en plus les cavistes suivis par leurs fidèles. Cette tendance est récente et vient comme une reconnaissance supplémentaire des terroirs de qualité. Ce que confirme indirectement le Comité Interprofessionnel des Vins de la Champagne (Civc) en constatant dans son dernier rapport que « les crus faiblement dosés connaissent une croissance dynamique. »

Aÿ

Des raisons médicales m’amenèrent, lors de ma visite annuelle, à l’automne 2014, pour le magazine Gastromania, de demander au Civc d’organiser mes rencontres et dégustations sur une seule commune, Aÿ en l’occurrence. Je fus royalement servi.

Curieux cendrier de table de baccara

D’abord par les rencontres avec les chefs de cave des grandes marques, Ayala, Bollinger, Deutz, Gosset qui hissent haut, depuis un siècle, le pavillon de leur commune. Ils vantent sans la moindre restriction la vue exceptionnelle sur « leur » colline. Réputée pour la qualité de ses pinots noirs qui représentent 325 ha sur les 365 plantés (chiffres de 2014). Le solde vient du chardonnay (30%), du pinot meunier (10%) plus, pour être complet, 30 ares de pinot blanc et autant d’arbane, cépage oublié et autorisé. Je n’ai pas rencontré les quelque trois douzaines de déclarants que compte Aÿ. Mais j’ai réellement découvert l’excellence du pinot noir. Je dois à Michel Davesne, le chef de cave de Deutz, ce constat technique qui résume la qualité du terroir en une phrase : « Les pinots noirs d’Aÿ atteignent un degré alcoolique supérieur à 11°, norme rare dans la Marne. »

Gatinois

Pierre Cheval se montrait fier de son Brut de Terroir, celui de Aÿ bien sûr. Selon le millésime, il apportait à ses 80 ou 90 pour cent de pinots noirs un supplément de chardonnay, de quoi arriver à proposer un Grand Cru « naturellement puissant et élégant. » Cette donnée instructive me fut confirmée par un bon nombre d’Agéens. Déjà empreint des caractères de sa commune, Pierre Cheval insistait sur le fait que le dosage doit être minimaliste tant les pinots noirs d’Aÿ en sont peu demandeurs : « le dosage sert de révélateur d’arômes. » Il précisait ajouter un peu de chardonnay parce que ce Champagne tient mieux la distance avec cet apport.

Giraud

J’ai retrouvé une logique semblable avec l’Hommage au pinot noir de Claude Giraud, douzième génération posée sur Aÿ, à la tête d’une quinzaine d’hectares sur le commune. Ma cuvée millésimée est du Aÿ pur jus s’exclame-t-il: toute la plénitude d’un vin élaboré à partir du seul pinot noir, amélioré, adouci, marié pour le meilleur sans le pire par un élevage d’une douzaine de mois en fûts de chêne de la forêt d’Argonne.

Son hommage au pinot noir exacerbe davantage la magie agéenne en millésimant la cuvée Argonne assemblage de 90% de pinot associé au chardonnay. Deux médailles de  plus à poser sur cette merveilleuse colline.

Goutorbe

Alain Dutournier, le grand chef étoilé m’a fait découvrir le champagne de la maison Henri Goutorbe. René, le fils du fondateur est un sexagénaire passionné investi dans tant de domaines que je me dois de les énumérer: pépiniériste reconnu (il fut le président français de cette association sans qui le vignoble hexagonal n’existerait pas!), adjoint au maire, hôtelier par hasard, président de l’Association des Trésors de la Champagne qui regroupe vingt-six vignerons, intéressé par la vulcanologie. Il est aidé par son épouse Nicole et a été rejoint par ses fils Bertrand et Etienne, et commercialise le vin de ses vingt et un hectares  dont près d’un dizaine sur Aÿ, naturellement mis à l’honneur.

Parmi les récentes cuvées, après des essais en 2011 sur un assemblage de plusieurs années, il est arrivé à un blanc de noirs avec le millésime 2013, né de deux parcelles d’Aÿ, La Pelle et Valnon dont la production de deux à quatre mille bouteilles varie selon les années. Un grand blanc de pinot noir, un blanc de noirs selon la terminologie, surtout de gastronomie: il se plaît en compagnie de qui vient de la mer et des rivières.

Lucide, il précise que « le choix de cette récolte parcellaire est primordial pour déterminer cette cuvée. » Au 2014 vient de succéder le 2015 en dosage extra-brut.        +

Lallier

François Thibaut a repris en 2004 cette marque ancienne. Il faut du courage, de la volonté, un minimum de nerf de la guerre pour se lancer dans une telle aventure. En contre-partie il s’est trouvé à la tête d’un grand terroir et fait valoir son expérience d’œnologue. Lorsque je lui ai rendu visite, il m’a surpris de ses cuvées que j’estimais plutôt généreusement dosées. Il me faut cela pour une clientèle nouvelle, a-t-il rétorqué. L’œnologue a repris le dessus. Il individualise avec succès deux parcelles provenant de Aÿ, acquises en 1996 lors de la refonte de la marque. Malin comme pas deux, la première qui répond au nom sonnant de Les Sous est de pur pinot noir, la deuxième, qu’il considère comme emblématique s’intitule Loridon et met à l’honneur le chardonnay de Aÿ ! Une production strictement limitée à quatre mille bouteilles. Il ne revendique haut et fort le millésime, précise qu’elles sont élaborées sans vin de réserve et indique le millésime, 2014 actuellement, sur la contre-étiquette. Et, dois-je préciser, tirée en extra-brut !

Deutz

Poussant plus loin la personnalisation, Fabrice Rosset président de la marque Deutz et son chef de cave, Michel Davesne ont créé deux cuvées parcellaires, Hommage à William Deutz, le fondateur de la marque en 1838. Une double naissance issue de deux parcelles d’Aÿ, La Côte Glacière (1,92ha) et Meurtet (2,5 ha). L’évolution climatique n’est pas étrangère à ce processus d’identification.  Le premier millésime, 2010, fut un Solo, les deux parcelles ayant été assemblées, presque par hasard. Poussant plus avant la démarche, le 2012 est un Duo. Chaque parcelle et ses 6 000 bouteilles joue sur une individualisation exacerbée : ce sont des terroirs semblables et pourtant si différents, aux expositions légèrement dissemblables, au dosage réduit comme si la colline d’Aÿ l’avait exigé. Deux pinots noirs exemplaires, avec leur identité de jumeaux hétérozygotes, grandes bouteilles de gastronomie qui magnifient le terroir exceptionnel de Aÿ. Comme seul un poète pouvait le chanter :

« Dans la mousse d’Aÿ luit l’éclair d’un bonheur. »

Grand cendrier – Diamètre 191mm
Petit cendrier -diamètre 41mm

La Côte des Blancs

J’aurais pu consacrer des semaines à rencontrer les vignerons heureux de posséder des vignes sur l’un des six Grands Crus de la Côte des Blancs et qui, depuis longtemps, savent qu’ils sont à la tête d’un terroir exceptionnel. Petits ils sont, souvent par la superficie limitée de leur vignoble, quelques parcelles sur leur commune ou sur une voisine. La dissémination par acquisitions diverses ou par héritage n’y est pas étrangère. Ils savent tous qu’ils sont à la tête d’un trésor à magnifier. Je regrette que quelques « ténors » n’ont pas répondu à mes demandes de précisions sur leurs cuvées parcellaires.

Pascal Doquet

Vertus est un Premier Cru qui se situe dans le prolongement des Grands Crus, celui de Mesnil-sur-Oger précisément, à quelques nuances géologiques près qui ne l’ont pas fait accéder au Graal.

Il possède 8,6 hectares de vignes dont 1,7 sur Vertus où il est implanté. Défenseur infatigable de la culture en biodynamie, il précise que si son vignoble sur Vertus se compose d’une douzaine de parcelles, il n’y en a que trois ou quatre, selon le millésime, qui sont incorporées dans une cuvée magistrale qui se nomme Cœur de Terroir. Son 2005 m’avait impressionné. Je l’avais noté comme un champagne de séduction immédiate. On voit avec cet homme plus souvent dans la vigne que dans son bureau où sa femme reçoit en bonne interprète des vins de son mari, que l’individualisation ne se limite pas  à une parcelle unique.

Pascal Doquet démontre à sa façon que ces parcelles privilégiés se situent dans le prolongement de sa voisine Grand Cru du Mesnil-sur-Oger. Il va de soi, dans son esprit que son Cœur de Terroir est peu dosé. Défenseur intraitable de la culture en biodynamie, vigneron passionné, incapable de répondre à une demande incessante des quatre coins du monde et des restaurants étoilés et cavistes de l’hexagone, Pascal Doquet se limite à assembler trois ou quatre parcelles de Vertus et signe avec son Cœur de Terroir, millésimé et peu dosé, un chardonnay de séduction immédiate.

A Vertus encore, chez Duval-Leroy, le Clos des Bouveries, né ce siècle et orgueil de la maison. C’est un îlot parcellaire de chardonnay étendu sur 3,5 hectares au cœur du village.

Agrapart et Fils

Pascal Agrapart, troisième génération du nom de cette marque éponyme fondée en 1894 y va d’un imparable préambule : « le terroir est primordial ». Ce propriétaire sis à Avize riche  d’une douzaine d’hectares possède aussi des vignes sur d’autres Grands Crus comme Oger, Cramant et Oiry. Il pratique la parcellisation depuis le milieu des années 1980 tant il se montre un partisan convaincu de l’individualisation de ses cuvées. Logique, il va plus loin dans sa démarche, assurant « qu’elles ne nécessitent jamais un dosage important car le terroir n’en a pas besoin. » Ce qui lui permet d’ajouter, comme bon nombre de Récoltants-manipulants qu’il ne renie nullement l’assemblage comme en témoigne sa cuvée bien nommée Terroirs. Il est surtout un inconditionnel de la viticulture organique.

Pour la version parcelle, on s’arrête en compagnie de l’Avizoise, une cuvée millésimée, au dosage minimaliste, issue de deux lieux-dits, Robarts et Gros Yeux, qui présentent un profil géologique identique et aux vignes sexagénaires. Une cuvée ancienne, le premier millésime remontant à 1989. Aux yeux de Pascal Agrapart, l’Avizoise exprime une autre facette du terroir d’Avize.

Plus fort encore dans ses recherches il propose une Cuvée Vénus, soixante ares d’Avize répertoriée sous le nom de Fosse aux Pourceaux. Son originalité  vient de ce que le sol est uniquement travaillé par l’homme et le cheval. Millésimée, elle est exempte de tout dosage.

Claude Cazals

Des Clos parsèment le paysage champenois sans avoir, à ce jour, une notoriété universelle. C’est le cas pour Delphine Cazals qui a individualisé avec raison un clos, niche de son vignoble de Le Mesnil-sur-Oger. Une cuvée de prestige qu’elle a démultiplié ou, diminué devrais-je écrire en créant une Chapelle du Clos, qui lui a d’abord valu la visite des gardiens du temple, lisez le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (Civc), venus contrôler l’existence réelle de cette entité.

Gonet Medeville

Xavier Gonet est fier de son diplôme d’œnologie et veut signer ses champagnes comme le fait la famille Medeville avec le fameux sauternes qu’est le Château Gilette. Normal, il a épousé Julie Medeville. A chaque fois que je l’ai rencontré, il insiste sur l’originalité de son système d’élaboration,  veille à vendanger des raisins à l’instant optimal de la maturité avec l’objectif, à long terme et réchauffement climatique à l’appui,  de ne pas chaptaliser. Technique il espère arriver à l’élaboration de champagnes qui « donnent peu l’impression d’effervescence tout en ayant la même pression». On n’a pas fini d’entendre parler de ce vigneron quadragénaire.

Xavier Gonet se démultiplie avec succès, signant quatre cuvées parcellaires.  Les deux premières naissent de chardonnay de Mesnil-su-Oger. La première, le Champ d’Alouettes, plein sud, s’étend sur 40 ares et a vu le jour avec le 2002, tandis que les 2004 et 2005 sont présents. Un dosage qu’on peut juger comme étant deux fois rien, à hauteur de 2 grammes de sucre par litre. La Louvière (72 ares), pentue sur le haut du village  vient un rien plus tard à maturité. L’œnologue est précis: il juge qu’un dosage de 3 gr/l lui convient mieux.

Le pinot noir lui offre des cuvées 100% pinot noir. La Grande Ruelle avec ses treize ares issue du village d’Ambonnay, lui procure moins de mille bouteilles. Son terroir de craie pure comme celui du Champ d’Alouettes, créé en 2002 est la plus « jeune » qu’il présente, le 2006.

A Bouzy, la dernière née, Les Savelons a vu le jour avec le millésime 2019 m’apprend Xavier Gonet. Deux mille bouteilles attendent que le propriétaire la tienne en suffisante maturité pour la commercialiser. La patience est une vertu en Champagne, particulièrement lorsqu’on a les exigences de Xavier Gonet : on s’attend à ce  que ses cuvées si pointues ont au moins une dizaine d’années de bouteilles avant d’être commercialisées. Il faudra moins de temps pour tenir ce quadragénaires comme un des grands de la Champagne.

 

Pierre Peters

J’ai rarement rencontré un œnologue aussi didactique que Rodolphe Peters, autre vedette des terroirs de la Côte des Blancs. On ne peut rêver meilleur parrainage augmenté, depuis, par des acquisitions sur Avize, Cramant et Oger. De quoi transformer Rodolphe Peters en charge depuis 2008 un inconditionnel du chardonnay. L’histoire du domaine avait débuté au dix=neuvième siècle et la vente par le fondateur Gaspar Peters de ses raisins au négoce.

Rodolphe Peters n’y va pas par quatre chemins en innovant depuis son arrivée. Mon premier coup de coeur chez lui fut sa cuvée Esprit qui associe un assemblage unique des chardonnays de quatre Grands Crus. Les raisins se renforcent les uns les autres, comme les quatre saisons qui n’en feraient qu’une. J’en viens à ses parcellaires.

La première, Les Chatillons, sort du commun par sa composition qui unit trois mini=parcelles de vieilles vignes issues du lieu=dit Les Chatillons, peu dosées, millésimées, qui est élaborée lorsque Rodolphe juge le millésime digne à ses yeux.

En plus, associant exigence et originalité, l’oenologue a donné naissance au Montjolys . Cette cuvée a des parents multiples posés sur le terroir éponyme de Mesnil=sur=Oger. Sept parcelles sont individualisées dont Peters retient seulement dix pour=cent de chaque. Il tient Les Montjolys pour un champagne aérien. Ses deux champagnes ont en commun d’être millésimées, peu dosées comme on s’y attend, produits en quantités limitées et réservées des leur naissance au loin dans le monde par des amateurs avisés depuis longue date.

Pressoir champenois sur un vieux cendrier

Selosse

J’ai été reçu comme un ami de toujours par d’Anselme Selosse, star incontestée des Grands Crus de la Côte des Blancs qui signe quelque soixante mille bouteilles, issues de six lieux-dits. Je suis surtout tombé sous le charme de ses bouteilles-là. Elles sont si manifestement identifiables qu’elles résument sa philosophie, son respect total de chaque terroir. Il n’accepte sans doute pas ma comparaison, mais il se comporte comme un Bourguignon qui serait propriétaire de la totalité des Grands Crus de Chassagne et Puligny-Montrachet ! Bon sang ne peut mentir, il a été formé au lycée viticole de Beaune. Sa philosophie de Champenois découle de cette formation: « nous nous sommes inspirés de cette culture pour vinifier et ne présenter qu’un seul lieu-dit sur six villages différents. » Poussant plus avant cette logique de terroir, de l’honorer, il ressent moins la nécessité de millésimer encore qu’il lui arrive de s’y résoudre.

Suites logiques de sa pensée, des soins naturels sur ses vignes au point de limiter les rendements sous les normes autorisées, l’élevage en barriques.

Plongée en six terroirs pour illustrer sa démarche. A Ambonnay, brille le pinot noir sur la parcelle Le Bout du Clos, intégrée à la marque en 2001. Peu pentue elle montre une singulière puissance à la dégustation. Pinot noir encore Sur Aÿ, sur une parcelle acquise en 1994. Elle fut commercialisée sous le nom de Contraste pour acquérir ensuite, dans la logique voulue par son serviteur, son nom de lieu-dit de Côte Faron. Je ne m’étonne pas qu’il lui trouve « un grain très particulier. »

Place au chardonnay. Sur Avize, Les Chantereines est une parcelle isolée depuis 2002, aux vignes plus que septuagénaires, dont un « collier de perles » planté en 1922. Anselme la dépeint comme « une harmonie spécifique au cru Avize. » Sur la commune de Cramant, Le Chemin de Châlons est une parcelle historique du domaine, aux vignes profondément enracinées qui confèrent au vin son plein épanouissement. Ces deux parcelles sont limitées, pour le malheur des amateurs, à une production de six cents bouteilles chacune.

Pour Mareuil sur Aÿ, la commune « presque Grand Cru », le lieu-dit Sous le Mont est présenté par Selosse comme étant une vigne de craie magnésienne mélangée à du calcium. Il s’en dégage une amertume que l’on retrouve dans l’eau Hépar. Habitué depuis peu à celle-ci, je préfère nettement l’autre.

Enfin Le Mesnil sur Oger est représenté par le lieu-dit Les Carelles. La production la plus élevée, 2 800 bouteilles. Son nom a pour origine une carrière de craie. Son exposition pentue, plein sud, sort des senteurs de brûlé débouchant sur des saveurs empyreumatiques. Anselme Selosse est heureux comme un jeunot de retrouver ce souvenir bourguignon.

Ultime précision rencontrée chez Selosse. On subodore un dosage minimaliste ou nul. C’est le cas avec la singularité que le vigneron a décidé une fois pour toutes de la quantification de ses dosages. Il détaille ainsi: « Le dosage n’est pas systématique et pour chaque mise en bouteilles, le choix se fait par dégustation en 4 dosages différents de 0 gr/l à un maximum de 2 gr/l, en passant par 0,7 et 1,3, ce qui permet au vin d’être LUI. » Anselme Selosse d’être le chantre inégalé des terroirs champenois.

 

On célèbre la cathédrale rémoise

Finir en Beauté

Je conclus en compagnie de deux stars 

Jacquesson

Quelle histoire que cette marque fondée par Adolphe Jacquesson à la fin du dix-huitième siècle. Elle s’est hissée à une production d’un million de bouteilles au dix-neuvième avant de décliner, d’être reprise par Jacques Chiquet en 1974, puis laissée aux mains de ses deux fils, Laurent et Jean-Hervé.  Eux ont effectué un véritable changement de cap au début de ce siècle modifiant l’allure et le style de la maison et en se limitant à une production de 300 000 bouteilles ! Jean Hervé répète à qui veut l’écouter « qu’on ne souhaite pas grandir afin de maîtriser la qualité de A à Z. » Ils ont trente hectares en exploitation, s’approvisionnent d’une manière sélective, n’arrivent pas aux rendements autorisés. La marque fait partie des « petites, très grandes maisons. » Leurs cuvées parcellaires le confirment amplement.

Les trois parcelles nées sous leurs baguettes, témoignent de l’indispensable nécessité de préserver la qualité du vin qui a assis leur réputation, la cuvée 700. Leurs essais ont fini par aboutir à la création avec le millésime 2002 de trois cuvées nées de trois parcelles posées à Dizy, Avize et Aÿ.

Celle de Dizy se nomme Corne Bautray, un hectare de chardonnay pour une naissance de 5 000 bouteilles, avec un titre d’alcool record de 11°6 et aucune nécessité de dosage.

Sur Avize, le Champ Cain s’étend sur 1,3 hectare de chardonnay et des conditions  semblables de maturité et un très léger dosage. Nous voici enfin au Vaurelle Terme de Aÿ où les 30 ares de pinot noir ont enfanté 2 500 bouteilles exemptes de tout dosage. Aucune concession à l’envie d’une production annuelle.

Les Chiquet n’ont élaboré ces vins, en moyenne, qu’une année sur deux et le prochain millésime à venir, le 2009, pourrait être mis à la vente « d’ici peu », sourit Jean-Hervé Chiquet. Pour être complet, sachez que les ventes se font par caisse de six, trois flacons pour le Champ Cain, deux pour Crone Bautray et une de Aÿ. Inutile d’espérer pouvoir acheter. Le succès a été tel que le carnet de commande est complet. En revanche il est envisageable de pouvoir s’inscrire pour les 2012 que la fratrie Chiquet a inscrit provisoirement en vente vers 2022 !

Cendrier du temps où le téléphone se composait de deux chiffres

A.R. Lenoble

C’est à Chouilly que je m’attarderai sur une ultime cuvée. Conçue par une nouvelle figure emblématique de la viticulture champenoise, Antoine Malassagne à la tête, avec sa sœur Anne, de A.R. Lenoble sur la commune de Damery. Ils possèdent une parcelle d’un demi-hectare de chardonnay sur le Grand Cru de Chouilly. On n’invente pas le nom de ces parcelles multi-centenaires. Celle de Lenoble s’appelle Les Aventures et se place dans le prolongement de la parcelle Pisseloup. Antoine Malassagne lui voue une admiration illimitée qu’il traduit par une vinification en grande partie en petits fûts de chêne. Il effectue une sélection complémentaire, travail d’orfèvre, qui limite la production à moins de 2 000 bouteilles  bouchées liège et agrafe. Elles vieillissent plusieurs années dans les caves crayeuses et humides avant un dégorgement manuel et un dosage minime qui laisse le vin s’ouvrir dans toute sa pureté d’immense blanc de blancs. Le nombre de cavistes et candidats acheteurs grimpe exponentiellement, à la différence du nombre de bouteilles produites.

Jo GRYN
P.S. (pour Petit Supplément)
Il n’est pas indispensable de danser sur la table

Les cendriers de Champagne ont été de toujours un outil de communication commercial. Toutes les marques ont façonné cet objet publicitaire mais la loi Evin de 1991, sur l’interdiction de publicité sur le vin, font d’eux une collection morte. Certains, très anciens, s’inscrivent dans la tradition de l’art populaire. Ils illustrent, à leur façon, une autre époque.

2 réflexions sur « Champagnes de niches »

  1. Comme packaging designer, je ne jugeais le champagne qu’à la beauté et la créativité de son étiquette. Grosse erreur.
    Car grâce à toi, Jo, j’ai compris qu’une étiquette bien moche peut cacher le meilleur des champagnes. Et l’inverse.
    Je suis ton éternel abonné.

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